Photo: Robert Ferron
Marleen Beaulieu est membre de l’AQPM depuis qu’elle travaille pour des boîtes de production indépendantes. Déjà quand elle était chez Coscient, croit-elle, la maison de production fondée par André Larin se devait d’être membre de l’association. La productrice est ensuite passée chez La Presse Télé, puis LP8, avant d’arriver chez Attraction Images. L’organisme donne voix à ses membres devant les institutions et les instances publiques et travaille beaucoup sur les ententes collectives et les programmes de financement, rappelle-t-elle.
La productrice tient à souligner l’excellent travail d’Hélène Messier, présidente-directrice générale, qui représente très bien les membres et qui ne compte pas ses heures pour faire avancer l’industrie, mais aussi de Geneviève Leduc, la directrice des relations de travail, et de toute l’équipe de l’AQPM. « On ne peut pas se passer de l’AQPM et de son équipe, lance-t-elle. Il demeure important que nous nous regroupions pour faire rayonner la production québécoise et l’AQPM le fait très très bien, nous accompagnant dans l’évolution de la production et dans la compréhension des ententes collectives. »
Mais, plus encore, l’AQPM aide ses membres à réfléchir à plus grand que soi, estime la présidente d’Attraction Images. Chacune des préoccupations de l’association dresse un portrait plus large de l’industrie et des combats qu’il faut mener sur divers fronts, que ce soit pour le long métrage, l’animation, le documentaire ou la production télévisuelle. « Lorsqu’on suit l’évolution de l’industrie, on doit se demander si c’est bon pour soi et pour les autres genres, dit-elle. La Presse Télé, LP8 et Attraction ont produit beaucoup de genres. »
Se disant une femme positive dans la vie, Marleen Beaulieu se montre confiante en l’année 2021. Évidemment, le contexte particulier de la pandémie pose des défis et l’AQPM a beaucoup aidé les producteurs à naviguer dans ces eaux troubles, en aidant l’industrie a avoir une meilleure compréhension des normes sanitaires et des révisions de la Santé publique. « Pour l’année qui s’en vient, nous sommes mieux équipés, mieux informés et, pour l’instant, les choses se passent très bien, dit-elle. Mais nous avons hâte d’avoir davantage de proximité sur les plateaux. »
Toutefois, l’impact financier de ces mesures sanitaires va être important et, une fois que la COVID-19 sera histoire du passé, Marleen Beaulieu craint que les coûts ne baisseront pas : comme à l’épicerie, lorsque les prix montent, il est rare qu’ils baissent, illustre la productrice. « L’AQPM joue très bien son rôle, note-telle. À mes yeux les dossiers les plus importants de l’année demeurent le financement et l’augmentation des budgets pour la production de contenu en langue française. Il faut que les budgets soient à la hauteur de nos ambitions, ambitions qui sont grandes, mais pour lesquelles nous ne sommes pas équipés. » L’arrivée de nouveaux joueurs, qu’il s’agisse des plateformes de diffusion en continu des diffuseurs traditionnels ou des plateformes étrangères, entraînera beaucoup de discussions avec celles-ci, croit Marleen Beaulieu. La parité, l’inclusion et la diversité doivent être aussi prises en compte. « Nous devons, avec l’AQPM, nous ouvrir davantage sur le monde. Nous devons échanger sur nos modèles d’affaires, partager nos connaissances. » La présidente d’Attraction trouve d’ailleurs très intéressants les Rendez-vous proposés par l’association pour pallier à l’annulation du Congrès annuel. Comme tous les producteurs, elle travaille beaucoup et n’a pas toujours le temps de s’informer. La formule des conférences sur l’heure du lunch lui convient très bien.
Pour la suite des choses, Marleen Beaulieu souhaite une encore plus grande écoute des institutions et des gouvernements envers l’industrie. Il manque de financement pour conserver ici la propriété intellectuelle, car, dit-elle, si l’on veut produire des formats pour le Québec et pour l’international, il faut posséder la propriété intellectuelle. « Les productions originales représentent toujours un risque, dit-elle. Il nous faut les moyens pour mieux financer le développement d’idées originales. »
Propos recueillis par Sophie Bernard pour le Qui fait quoi no 407 (mai 2021).