Le 30 novembre dernier, l’AQPM a soumis ses recommandations au Groupe de travail sur l’avenir de l’audiovisuel au Québec. Des représentantes de l’AQPM et des membres de son conseil d’administration avaient eu l’occasion de rencontrer les membres du Groupe de travail, le 14 novembre précédent.
L’AQPM a soumis plusieurs idées en réponse aux questions du Groupe dont le mandat consiste à analyser et à réviser le système de financement de la production télévisuelle et cinématographique. L’ensemble des propositions reposaient sur des principes importants pour l’AQPM, à savoir :
– assurer la santé financière de toutes les parties prenantes qui interagissent dans l’industrie audiovisuelle (créateurs, producteurs, distributeurs, diffuseurs et bailleurs de fonds) ;
– rétablir un équilibre dans les relations commerciales entre les diffuseurs et les producteurs afin de créer de véritables partenariats ;
– optimiser le rôle de Télé-Québec, de TV5 Québec Canada et de TV5 Québec numérique ;
– favoriser une concertation interministérielle pour assurer l’avenir de l’industrie audiovisuelle ;
– établir une meilleure concertation entre le MCCQ et le MEIEQ pour reconnaître le rôle économique de l’industrie audiovisuelle et son rôle innovateur en matière de nouvelles technologies ;
– explorer de nouvelles sources de financement ;
– faire de la région de la Capitale-Nationale un pôle majeur de production ;
– stimuler la mise sur pied de fonds régionaux.
À très court terme, la priorité de l’AQPM est toutefois de reconduire le budget historique qui avait été accordé à la SODEC pour cinq ans par le gouvernement du Québec, le 10 mars 2020. Ces nouvelles sommes avaient permis de doubler le financement pour le développement et la production de longs métrages, de créer des programmes d’aide pour la production télévisuelle, de mettre en place des mesures pour la production d’animation et de conférer plus de moyens pour l’exportation des contenus.
Par ailleurs, le mémoire présenté au GTAAQ comprend d’autres mesures pour assurer un financement adéquat des entreprises de production notamment par l’octroi d’un versement anticipé des crédits d’impôt au premier jour de tournage afin de limiter le recours au financement intérimaire. Il y est aussi question de financement corporatif en développement pour favoriser la prise de risques, de formation de la relève créative et entrepreneuriale ainsi que de la valorisation des contenus de formats courts comme point d’entrée de l’industrie. L’AQPM s’est aussi appuyée sur des modèles existants à l’étranger pour mettre de l’avant les retombées des fonds régionaux allemands et français, l’aide au développement pour le long métrage en Irlande et le système d’aides corporatives du CNC.
La croissance de la production de contenus jeunesse est un des points centraux sur lequel le groupe de travail doit se pencher. L’AQPM a elle aussi reconnu l’importance des productions ciblant les enfants et les jeunes dont l’attachement au contenu québécois de langue originale française est plus fragile. Parmi les leviers à la disposition du gouvernement du Québec, il y a bien sûr Télé-Québec dont le rôle envers la jeunesse pourrait être renforcé. L’AQPM a également demandé qu’une enveloppe dédiée à la production de longs métrages jeunesse (enfants, adolescents et jeunes adultes) en animation et en prise de vues réelles soit créée à la SODEC. La promotion des contenus auprès des jeunes doit aussi être repensée et viser de nombreux points d’accès comme les plateformes en ligne, les écoles, les classes de francisation et le contact direct avec le public. L’AQPM s’est aussi intéressée plus largement à la découvrabilité des contenus locaux en soulignant l’absence des applications des diffuseurs nationaux sur les téléviseurs intelligents, problématique qu’ont décidé de prendre de front d’autres juridictions par des voies législatives. De nouveaux programmes qui permettraient de décliner les propriétés intellectuelles audiovisuelles en d’autres biens culturels pourraient également aider à faire connaître les productions.
L’utilisation de nouvelles technologies fait l’objet de recommandations comme celles touchant la mise en place d’infrastructures pour la production virtuelle à Montréal et à Québec, dans des installations adaptées aux besoins techniques et budgétaires des productions nationales.
Enfin, l’AQPM a abordé une panoplie de sujets comme l’exportation des contenus québécois, la mise à disposition de ressources pour que TV5 puisse libérer des droits sur des productions québécoises pour sa plateforme numérique, les tournages en communautés éloignées réalisés par les entreprises de production autochtones et des moyens pour préserver voire augmenter les revenus publicitaires des télédiffuseurs par la mise en place d’incitatifs pour les annonceurs qui ont recours aux médias traditionnels incluant les diffuseurs et leurs plateformes.
Le GTAAQ doit déposer son rapport final en mai 2025. Tous les mémoires déposés seront alors rendus publics sur le site de la consultation.