Nicola Merola voit en l’AQPM un partenaire incontournable

Vie associative

Photo: Hugo Dufour-Bouchard

Fondée en 1987, Pixcom est membre de l’Association québécoise de la production médiatique depuis sa fondation, il y a presque 35 ans. Puisqu’il est dans l’ADN de la boîte de se conformer aux lois et règlements de l’ensemble des syndicats, il allait de soi que de se joindre à l’AQPM, qui fête ses 55 ans, apportait de nombreux avantages. L’équipe de Nicola Merola, président de la compagnie depuis 2013, s’entretient d’ailleurs hebdomadairement avec l’association, faisant d’elle un partenaire incontournable pour les différents types de dossiers qui la préoccupe.

« C’est un partenaire qui nous accompagne dans les bonnes choses, mais beaucoup dans les problèmes. L’équipe est constamment là pour nous aider », salue l’entrepreneur en soulignant la débrouillardise et l’expertise d’employés qui doivent certainement avoir un rôle à jouer dans la part accordée à la culture dans le budget provincial annoncé le 25 mars dernier.

Tout comme ses membres, l’AQPM a su évoluer et s’adapter aux différents changements de l’industrie, que ce soit la présence des divers joueurs ou encore les transformations politiques. L’expérience et la personnalité de la présidence influencent immanquablement la vision de l’association, note Nicola Merola. Dans le cas de la PDG actuelle, Hélène Messier, il note un tempérament à la fois fort et doux, maîtrisant de façon extraordinaire tous ses dossiers.

Sa polyvalence et sa flexibilité ont été un atout majeur pour les douze derniers mois qui ont frappé la production médiatique, ajoute-t-il. « L’AQPM a toujours été là pour nous aider auprès des différents paliers gouvernementaux afin que nous puissions avoir la fameuse assurance à travers la SODEC et qui a été renouvelée », mentionne le producteur.

L’association joue également un rôle essentiel dans l’étude du projet de loi C-10, une législation qui peut créer de magnifiques choses, mais qui peut aussi affecter gravement la production indépendante au Québec et au Canada. « Nous sommes dans une année d’immenses réflexions politiques. Je ne me souviens pas d’année aussi charnière. Et depuis le début de cette période plus difficile, l’AQPM fait ce qui a besoin d’être fait et le fait très bien », reconnaît Nicola Merola. Avec la troisième vague de la pandémie qui se dessine au Québec, le président de Pixcom envisage l’an 2021 de façon un peu similaire à 2020, c’est-à-dire que les tournages audiovisuels risquent d’être touchés par cette situation qui perdure. « Nous avons des tournages cet été, d’autres qui commencent à l’automne prochain et au début de 2022. Nous espérons tous que ceux qui commencent en 2022 se dérouleront dans une espèce de normalité. Mais nous ne le savons pas. Il y a encore beaucoup d’incertitude », évalue-t-il.

Confiant pour la suite des choses, Nicola Merola est certain que l’équipe de l’AQPM continuera d’accompagner, d’épauler et d’écouter les producteurs et productrices québécoise.s dans le but de défendre des ajustements ou des changements dont ils et elles ont besoin.

 Autrement, un des dossiers incontournables sur lequel devra s’attarder l’association est la place des plateformes numériques étrangères dans l’écosystème québécois. En mars 2021, les premiers ministres François Legault et Justin Trudeau ont annoncé un investissement de plus de 800 millions $ afin de munir 150 000 nouveaux foyers québécois avec Internet haute vitesse. Ce dévoilement implique que ces résidences auront également accès aux plateformes étrangères internationales.

« Et elles ne coûtent pas si cher que ça. Combien de personnes vont potentiellement se désabonner du câble pour prendre leur enveloppe familiale et la transférer vers les plateformes ? C’est inquiétant, et non pas seulement comme producteur, mais aussi comme citoyen », se préoccupe Nicola Merola.

Il rappelle qu’avec cette nouvelle réalité qui s’est confirmée durant le confinement, la production médiatique québécoise n’est plus protégée par la langue française. Aujourd’hui, les téléspectateurs consomment leur contenu dans n’importe quelle langue. D’autant plus que ces productions étrangères se tournent grâce à un budget évoluant de 2 à 10 fois plus important que celui octroyé pour la fiction télévisuelle au Québec.

« Là aussi, l’AQPM a été d’une aide très importante. La SODEC a mis sur pied un fonds l’an passé, une aide aux productions télévisuelles locales au potentiel international », souligne Nicola Merola. Voilà un intérêt partagé à la fois par l’Association québécoise de la production médiatique et les producteur.trice.s, celui de percevoir à travers l’arrivée de ces plateformes internationales un danger, mais aussi une opportunité de faire rayonner le talent d’ici à l’extérieur des frontières.

« Nous avons plusieurs discussions avec Netflix, raconte le producteur. Il y a quatre ans, le discours était que l’entreprise voulait tous les droits lorsqu’elle investissait dans une production. Aujourd’hui, je sens partout sur la planète que ces géants comprennent qu’il y a des réalités nationales un peu partout et qu’ils doivent s’ajuster. »

Propos recueillis par Frédéric Bouchard pour le Qui fait quoi no 407 (mai 2021).